Anti-racialistes best-of


Découvrez nos citations préférées des anti-racialistes s’organisant autour de l’ex-Discordia /Fleurs arctiques avec quelques commentaires libres de la part d’une autrice parce que qu’est-ce qu’on s’ennuie quand-même avec ces gens. Cette compilation accompagne ce texte critique des anti-racialistes.

« Nos révolutionnaires sont des gens pieux » (compilation de 3 textes parue en janvier 2016)

Première partie

Nous pourrions également questionner le besoin existentiel pour nombre de « ra-cisé-es », comme on dit maintenant, de rendre si spécifique et particulière leur oppression. Au terme « antisémitisme », se sont additionnés ces dernières années les termes « islamophobie », « négrophobie », « racisme anti-blanc », et autres. Le terme racisme est il devenu trop gênant ? Certainement, en ce qu’il tend à nous éviter les fausses questions posées par les adeptes des particularismes identitaires dont le but n’est que de séparer les gens dans des identités et des communautés hermétiques. Sous prétexte d’antiracisme, donc, on se retrouve avec de l’ethno-différencialisme, un glissement extrêmement dangereux qui s’accommode très bien du retour en force et de la « réappropriation » du concept de « race » par nos « porte-paroles » des opprimés (qui la plupart du temps sont extérieurs à leurs « opprimés » chéris).

J’ai vraiment pas compris pourquoi, si parler de l’antisémitisme est ok, parler d’autres racismes qui visent des communautés spécifiques, ça le serait pas. Ou bien parler de l’antisémitisme n’est pas ok non plus ? Je me casse la tête depuis une heure en cherchant la réponse. C’est les mots qui finissent en ‘phobie’ qui vous plaisent pas, c’est ça ?
  • A propos du « droit des femmes de porter le voile« 

Avec cette périphrase pudique on indique toute une panoplie vestimentaire (qui peut aller jusqu’aux gants) et qui est l’expression visible de la soumission des femmes (à partir de 13-14 ans) aux préceptes de l’islam et à l’autorité du père ou du mari. Peut-on cautionner un tel « choix » ? Peut-on parler de « liberté », dans ce cas ?

(C’est sans doute une question rhétorique, mais je pense que oui.)
  • Dans « Le problème n’est pas l’Islam radical, mais l’Islam modéré«  (et oui, on est pas très loin des Valeurs actuelles)Un vrai projet révolutionnaire ne se fera ni contre ni avec « les croyants » en tant que croyants, mais contre toutes les Églises, les clergés, et surtout les pensées réactionnaires qui ne visent qu’à nous faire accepter le statu quo de ce monde d’autorité. Il se fera avec des individus qui se sont libérés de leur entraves religieuses, traditionalistes, communautaires et morales, ou qui, au minimum, tentent de le faire.
Bon courage pour les trouver, ces individus déjà libérés. (C’est pas le rôle de la révolution de changer la manière dont on se rapporte au monde ?)

Au delà des slogans simplificateurs, on voit bien que l’État n’est pas raciste par nature, bien qu’il n’hésite pas à avoir recours au racisme quand cela peut lui être utile. Le racisme est certainement bien présent, mais il ne s’agit pas de son seul mobile, et y répondre en cautionnant une parcellisation communautariste qui se baserait sur de supposées caractéristiques culturelles et/ou ethniques est un choix suicidaire.

Qui voit « bien » ? Moi je vois pas ça. Les flics qui contrôlent au faciès, le chef de l’Etat qui veut reconquérir les « territoires perdus de la République », les lois racistes et islamophobes, les rapports coloniaux avec les DOM-TOMs, mais bon c’est des futilités. Faut surtout pas une parcellisation communautariste identitariste ethno-différentialiste post-moderne…y’a quoi comme d’autres mots qui font peur ?
Deuxième partie. « Les fantômes de la déconstruction »

Voilà donc nos politiciens post-modernes, autoproclamés porte-paroles de la misère, en train de tartiner leur droit-de-l’hommisme compassionnel. Celui-ci a pour seul but de réformer l’existant, et mène, avec la limitation des conflictualités qui le traverse, à un affermissement de la paix sociale. Ils exigent vérité et justice pour les victimes de la violence policière, jamais la fin tout court de la police et de ce qu’elle défend. Ils combattent l’islamophobie à côté des pires réactionnaires religieux. Ils réclament droits et reconnaissance pour les femmes et les LGBT et certaines de ces justicières alternatives nous enseignent qu’en cas d’urgence médicale lors d’une action il faut appeler la police. D’autres proposent de changer le monde en réformant l’orthographe… Et toujours des requêtes au pouvoir, qu’on veut réformer et non pas abattre : plus de démocratie, un meilleur respect des droits de l’homme par la police, plus de justice et de vérité dans les tribunaux, un élargissement de la reconnaissance de la « diversité », etc. etc. Au nom d’un réalisme assez terne, ils se gardent bien de porter l’idée que la liberté ne se demande pas, mais se prend, et qu’avec l’État on ne dialogue pas, mais on le combat.

Qu’elles sont bêtes toutes ces minorités à demander des trucs, moi j’ai compris ce qu’il fallait faire ! Regardez j’ai même ecrit 60 pages dessus. Maintenant il faut juste que les opprimé-es me lisent.

Si la victime d’une oppression spécifique est la seule à avoir de la légitimité (ou le plus de légitimé) pour parler de cette oppression, tout discours essayant de s’opposer à toutes les oppressions dans leur ensemble sera dévaluée et considéré comme illégitime. Et on en arrive à demander à l’État (ou à un de ses concurrents autoritaires) des solutions partielles à des cas limités.

Je crois qu’il y a une différence entre « s’opposer à » et « parler de », il y en a une grosse aussi entre « parler de » et « parler à la place de ». Tu sais t’es pas non plus obligé-e de faire des conférences forcément, tu peux juste écouter les opprimé-es et poser des questions, ça te donnera peut-être des idees de lutte qui impliquent pas de chopper le mégaphone. Sinon, rien à voir, mais je trouve aucun lien de cause à effet entre la première et la deuxième phrase.

On nous somme de « respecter » les opprimés, mais est-ce du « respect » que d’éviter de critiquer un des aspects de leur oppression, même si il semble choisi ? Quand quelqu’un dit « Je suis musulman (ou juif, ou chrétien) », il est en train de dire : « une de mes chaînes et une des raisons de ma séparation sociale identitaire est l’islam (ou le judaïsme, ou le christianisme) ». Souvent il ne s’en aperçoit même pas. Est-ce que taire cela, ne pas affronter les problèmes serait une forme de respect ? N’est-ce pas une façon d’amoindrir les « victimes » que de les voir seulement comme telles, incapables de se prendre en main de façon autonome et, entre autre, de se libérer de leurs chaînes (idéologiques aussi) ? D’éprouver le désir d’une vie différente, de vouloir la révolution ?

No comment.

« La non-mixité en question : Être en lutte ou être lutte » (17 septembre 2017)

« On peut choisir par exemple d’aller vers la séparation et l’exclusion ou au contraire, à partir de situations particulières, de chercher ce qui est partageable. Ainsi, on doit faire la différence entre une non-mixité dite et pensée comme telle, et une forme d’homogénéité de fait et ponctuelle, répondant à des circonstances particulières, qui ne se politiserait pas en tant que non-mixité et resterait donc potentiellement rejoignable. (…)

On comprend beaucoup mieux la différence entre la non-mixité libérale identitaire et la non-mixité potentiellement révolutionnaire ! Les personnes sexisées, vous avez le droit de vivre votre petite expérience entre personnes opprimées, mais n’en faites pas trop, ne la politisez surtout pas et ne refusez surtout pas des hommes cis hétéro quand ceux-ci deviendront curieux de vos petites discussions en « homogénéité de fait ».

Pourtant, dans la plupart des pratiques actuelles de la non-mixité le point de départ et le point d’arrivée semblent intimement liés. On se réunit entre femmes, parce que, comme on est des femmes, « les hommes » ne nous laissent pas parler, et entre femmes, on va pouvoir parler… du fait que « les hommes » ne nous laissent pas parler : la boucle est bouclée. Le problème posé par « les hommes » ne sera pas réglé avec « les hommes ».« 

Checkmate feminazis. Ah oupsi on dit plutôt feministes identitaires, j’avais oublié.
Vraie question : et si on démêle un peu cette boucle et qu’on parle pas juste du fait qu’on ne nous laisse pas parler, mais qu’on se partage aussi des outils pour pouvoir parler, vos cerveaux vont exploser ?

Des Ruines, edito du double numéro 3-4 (début 2019)

Partant du principe pourtant absurde que le partage d’une oppression entraîne nécessairement une complicité politique, et de celui, tout à fait juste au demeurant, que chacun est souvent le mieux placé pour critiquer une domination qui le frappe spécifiquement, si tant est que « rester chacun à sa place » serait un axiome subversif, il y a cette nouvelle « pensée » politique qui génère, entre autres effets, l’idéologie (appelons les choses par leur nom) de la « non-mixité », et que nous appellerons ici le mythe des « premiers concernés », qui se diffuse comme se diffusent les superstitions, c’est-à-dire sans recul, au sein des petits microcosmes militants. Seuls ceux qui subissent une oppression peuvent lutter contre celle-ci, mais aussi en parler, exprimer un refus, l’analyser, etc. Par cet effet de magie, un dit « blanc » (et cela comporte visiblement toutes sortes de couleurs autres que « non-blanche », on y comprend plus rien…) qui lutterait contre le racisme serait un raciste car il se substituerait, violemment (il faut toujours un peu d’emphase…), à « la parole des opprimés », qui est d’or, alors que des bourgeois parfois homophobes, religieux, anti-IVG, réactionnaires, sexistes, racistes et parfois crypto-négationnistes mais « racisé.e.s » et organisés en tant que tels et sans autre argument que celui d’être, sont les bienvenus. On leur offre même un peu du pouvoir qu’ils réclament, tant qu’ils acceptent cependant de jouer leur bon rôle de « racisé.e.s » à condescendre, car, au fond, il n’y a rien de plus colonial que le décolonial. Tout cela s’étend avec des argumentaires flous et dilués qui finissent toujours par nous expliquer, par exemple, que la question des frontières, des prisons, de l’État, du racisme, du sexisme, de la répression, etc. ne nous concernent pas tous et toutes…

Il n’y a rien de plus colonial que le décolonial, il n’y a rien de plus fasciste que l’antifasciste, les extrêmes se rejoignent, à méditer…
C’est la partie où on raconte ce dont on a rêvé la veille ?

Dans un magma pareil, on ne peut pas aujourd’hui parler d’un mouvement anarchiste ou révolutionnaire, ni même d’un simple mouvement anti-autoritaire, mais de petits milieux dépolitisés remplis de gourous sans disciples ou presque, de chefs sans ouailles et d’ouailles sans chefs, polarisés derrière leurs propres faiblesses et sur la défensive permanente pour resserrer des liens au sein des micro-communautés radicales, organisées sous forme de sectes plus ou moins prosélytes, il y a des variations sur ce dernier point.

Super auto-description !

« Religion et modernité : De nouvelles analyses pour de nouveaux enjeux ?« , Des Ruines (juillet 2019)

Lorsqu’un flic tue quelqu’un, nous ne descendons pas dans la rue pour exprimer que son acte n’est pas représentatif de la Police Nationale dans son ensemble en criant « pas d’amalgame ! ». C’est là le rôle du syndicat Alliance, jouant des coudes avec les « syndicats » de familles de victimes de « leur » police… Nous ne descendrons pas non plus, le lendemain d’un attentat religieux, un carnage en bas de chez nous (ou pas), avec toute la colère que cela implique, pour défendre les « gentils » croyants contre les méchants radicaux (…)

On n’est pas des fachos, parce qu’on crache sur les fachos ET sur les musulmans.

(…) il n’y a pas moins de communion entre les cerveaux fondus de Daesh et l’islam modéré qui condamne les premiers avec autant de ferveur qu’il a toujours condamné leurs victimes les plus profanes auparavant, horribles jouisseurs, pervertisseurs de la chair, qu’entre le « gentil » curé alcoolique, tripoteur et délinquant de la paroisse médiévale et le « méchant » inquisiteur dominicain du XVIe siècle.

Vous avez aimé « musulman = flic », vous allez adorer « musulman = tripoteur« 

L’utilisation à tout va des termes « systémiques » et « structurels », si elle servait au début à se donner l’air intelligent, est maintenant assez clairement un prêt-à-penser qui permet de ne pas penser. Si on parle en termes de structure et qu’on veut vraiment se mettre en chemin d’analyser avec finesse ce qui nous domine et nous pend au nez, on pourrait d’ailleurs même dire que l’État que nous connaissons est plutôt de plus en plus structurellement antiraciste, antiracisme qui cohabite très bien dans son abstraction idéologique, avec la réalité xénophobe de la gestion des formes d’altérité dont il constitue la bonne conscience et le supplément d’âme.

– Gauchiste racialiste fan du PIR (petit cerveau) : l’Etat français est structurellement raciste
– Aviv (gros cerveau) : pas du tout, l’Etat français est structurellement antiraciste ET xénophobe !

Par définition, un « croyant » ne recherche pas l’émancipation, il jouit dans la soumission, subordonné à un Dieu, mais surtout à des hommes, à des préceptes, à des pratiques contraignantes, à un clergé, à des croyances, ad nauseam æternam. Nous jouissons dans la liberté, dans la joie, la solidarité, la pensée, dans l’attaque et dans la révolte, nous jouissons même parfois dans la jouissance elle-même (diablotins que nous sommes), non dans la prière, l’observance, les prescriptions, les interdits, le dolorisme, la culpabilité et la pénitence.

Les croyant-es jouissent dans la soumission, alors que nous on se branle sur la révolte.

Si tout se passe bien, que nos luttes sont victorieuses, en harmonie avec nos perspectives révolutionnaires, alors le « croyant » perdra nécessairement ses croyances sur la route pour rejoindre les vivants, dans un processus évidemment plus complexe et intéressant que ce simple raccourci schématique. Le fameux « croyant » est donc le bienvenu (ainsi que son chien), les portes de l’insoumission, aussi difficiles à trouver qu’elles puissent être parfois (il n’y a pas d’égalité, il n’y en aura jamais), selon d’où on part, sont, cependant, accessibles à tous et toutes.

Merci Aviv <3

Il faut flatter l’ego de l’« Opprimé », qui n’existe pas, pas autrement que dans une abstraction paternaliste du Bon Sauvage digne des orientalistes qui inventèrent d’ailleurs le mot « islamophobie » en la personne d’administrateurs coloniaux de l’État français en Algérie (avant une nouvelle histoire d’amour du concept avec les mollahs iraniens), lui parler comme à un enfant-fruit, car il n’est pas encore assez mûr pour tomber de l’arbre des traditions du vieux-monde, ses petites superstitions métaphysiques « sans conséquences matérielles », « arriérées », assimilées à des « opinions personnelles » qui ne regarderaient que les individus (comme l’interdit de l’avortement par exemple ?), et il y a encore un peu de jus politique à tirer de sa carcasse votante ou main d’œuvre du grand soir qui ne vient pas, qui ne vient pas…

Une phrase digne de Proust.

« Mujeres Libres… » (octobre 2017)

Ceci étant dit, il convient de rappeler quelques inactualités au moment où l’on entend des discours apologétiques qui défendent à tort l’organisation « en non-mixité » en tant que pratique historique des mouvements émancipateurs. Ils mobilisent pour cela quelques exemples récurrents du passé, d’organisations de compositions qu’on peut qualifier d’homogènes en terme de genre ou de statut social, en les tordant assez pour les faire entrer dans leurs trop petits moules d’universitaires et de militants urbains décomposés et amateurs de nouveaux concepts et nouveaux mots. Et pour cause, jusqu’à il y a peu, il était difficile d’imaginer que parmi des révolutionnaires anti-autoritaires, qu’ils soient anarchistes ou communistes, il puisse y avoir des individus pour lesquels la dite « mixité » et l’universalité de la révolte ne soient pas des bases minimales et décisives à toute praxis sérieusement subversive.

Tag yourself je suis une militante urbaine décomposée qui aime les nouveaux mots

Un peu plus sérieusement, en quoi on peut pas imaginer la non-mixité comme pratique (politisée et revendiquée) au sein d’une révolte mixte un peu dans une vibe similaire à… gros suspense!!!! *roulement des tambours*…..¿las Mujeres Libres?

Lucía Sánchez Saornil n’est pas une femme cynique, relativiste et désabusée qui considère la révolution comme une chimère du passé, « un truc de mecs-blancs-cis-hétero », et à laquelle elle pense qu’il faudrait substituer les identity politics en lieu et place des luttes sociales. Lucía Sánchez Saornil est une anarchiste révolutionnaire des années 30 en Espagne qui pense que la révolution sociale est nécessaire et plus importante que sa propre subjectivité radicale ou celle de son clan ou d’un autre. Lucía Sánchez Saornil n’est, de toute évidence, pas une militante identitaire.

Lucía n’est pas une étudiante de P8 qui va au Starbucks pour tweeter sur la colonialité du discours et à la Baudriere tous les samedi pour sa petite soirée queer hebdomadaire entre petit-es-bourgeois-es décadent-es. Non, Lucía (accent catalan prononcé) est une vraie anarca-syndicaliste (accent sur ‘vraie‘), qui aime la révolution et les meufs émancipées, mais surtout la révolution, ne croit pas à l’exclusion des mecs cis et qui est morte y’a 50 ans, donc on peut lui faire dire à peu près tout ce qu’on veut. Sois comme Lucía !
P.S.Oups j’avais pas vu que c’était littéralement le passage d’après…

Non, si Lucía Sánchez Saornil n’est pas particulièrement precurseuse d’autre chose que d’un féminisme révolutionnaire et conséquent, elle s’inscrit dans une longue tradition communiste libertaire espagnole qui lui précède et lui succède, profondément universaliste, de ceux qu’il est chic de mépriser aujourd’hui quand on est un militant po’mo’ et qu’on s’organise « en non-mixité »

« Papillons, amour libre et ideologie » (octobre 2013)

Combien, pas particulièrement désireux d’avoir une relation non-exclusive avec l’autre, ont accepté une relation de ce type pour s’aligner sur les envies de l’autre. Mais cette acceptation, ce « oui » est-il réellement un « oui » libre ? Car si Jean est amoureux de Jeanne et en position de faiblesse, et que Jeanne lui explique sa volonté d’une relation non-exclusive et paritaire, Jean acceptera. Et Jeanne aura l’impression que tout est simple et facile, sans se demander si Jean n’aurait pas tout aussi bien accepté le contraire. Alors ce oui du faible est-il si différent du « oui » que nous donnons au patron pour travailler ?

Avec Aviv Etrebilal, roi des comparaisons foireuses (une meuf qui couche avec d’autres gens, c’est comme une patronne), on découvre l’anarchisme tendance incel.

« Compagnons, camarades, nos nombrils ne sont pas revolutionnaires ! » (9 janvier 2020)

C’est un phénomène difficile à appréhender, et donc à analyser, car ce que nous appellerons ici la ressentimentologie est un phénomène transversal. On peut le retrouver aussi bien dans la bouche d’un ministre faisant ses excuses après un scandale financier, que dans celle de militants radicaux racontant une manif ou communiquant à propos d’une action. Le ministre ainsi cherche à se ré-humaniser auprès de ses électeurs déçus, comme le négociateur du GIGN entamant une discussion intime avec un preneur d’otage pour mieux le piéger, mais pour le militant, quel est le rôle et l’utilité du ressenti et de la nouvelle place qui lui est donnée ?

Aviv est décidément très prolixe. Voici un énième pamphlet de sa part où on apprend entre autres que parler de ce qu’on ressent, ça serait risquer de se livrer au GIGN.

« Partir de soi » est peut être plus facile, si on le prend au sens figuré, que « partir de soi » au sens propre, en partir, vraiment, pour aller vers les autres, le monde, la vie, autre chose que son nombril et son miroir, et c’est tout le problème. Voila une solution toute narcissique à un problème universel, une solution de facilité fournie par le pouvoir à toutes celles et ceux qui n’ont plus le courage de porter les armes.

J’avoue, je ne m’attendais vraiment pas à cette chute. Pourtant j’aurais dû.

Cessons le concours néo-viriliste du plus gros ressenti et de la plus grosse victimisation. Nous sommes tous mutilés par l’État, le capital et les rapports de domination, alors cessons de mettre les spécificités de nos expériences et de nos ressentis en concurrence pour s’éviter la complexité de la complicité et de la libre-association offensive d’individus créateurs contre ce monde.

Chassons les universitaires de nos luttes

Parlons aux cerveaux et aux tripes plutôt qu’aux nombrils

Éventrons la dictature du ressenti et du ressentiment

Vive la vie.

On a compris, vous êtes pas des victimes (juste des boloss).
Contenu bonus pour assaisonner cette lecture :
  • Une personne en réponse aux critiques de ce texte : « Eh beh qui l’eût cru, les grosses victimes de l’UCL sont pas d’accord avec un texte contre la victimisation »
  • Non-Serviam aka Biollante en reaction à une critique négative de son album sur un forum de black metal : « Oh, quand tu rencontreras ton nouveau groupe préféré, tu feras encore plus de vues, tu vas devenir une star chez les victimes. A+ FDP. »