Nous partageons la traduction française d’un appel aux dons en solidarité avec 5 anarchistes de Yékaterinbourg et Sourgout en Russie, emprisonnés à Tioumen depuis plus d’un an sur accusation de « création d’un groupe terroriste ». Ils risquent des années de prison à cause des aveux extraits sous la torture.

Vous pouvez donner directement sur Firefund et/ou organiser des actions de solidarité dans votre ville. Pour en savoir plus sur l’affaire, vous pouvez consulter la traduction d’un article de la BBC de septembre 2022 dans Le Monde libertaire.

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Aidez les inculpés de « l’affaire de Tioumen » dans leur lutte pour la liberté

Cette levée de fonds est nécessaire afin de couvrir en partie les frais d’avocat-es de nos camarades, qui se trouvent en détention provisoire.

Avec cette campagne nous vous demandons de l’aide financière pour rémunérer les avocat-es des 5 détenus sur 6, qui continuent à lutter pour leur libération et refusent tout compromis avec le bras punitif de la loi.

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https://instagram.com/tymenskoe_delo

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Vous pouvez en savoir plus sur cette affaire en consultant cette publication : (https://t.me/tumenskoedelo/468).

Depuis un an déjà, six anarchistes russes se trouvent en détention provisoire dans une affaire de « création d’un groupe terroriste » montée de toutes pièces. En tout, selon la législation russe, nos camarades risquent de 5 à 15 ans d’emprisonnement pour participation, et encore de 15 à 30 ans, voire la prison à vie, si on les accuse d’avoir organisé ou dirigé un groupe terroriste. La preuve principale de leur culpabilité, c’est des aveux faits sous la torture.

Depuis des siècles, la loi sert d’instrument principal à la répression. Ce qui est insensé, c’est l’arrogance avec laquelle l’État s’adonne à ses intrigues pour débarrasser la société des personnes jugées « idéologiquement inconvénientes ». Pour les anarchistes russes, il est évident que cette affaire consiste à régler les comptes avec le mouvement libertaire que le régime de Poutine considère comme étant une menace. Nous savons que tous nos camarades voient le régime d’un mauvais œil, mais cela ne lui donne pas le droit de les priver de longues années de vie.

Ce qui s’est passé :

Fin août 2022, dans une forêt à la périphérie de la ville de Tioumen, la police a arrêté K. Bric et D. Aidyn. Au cours d’une perquisition chez eux elle a retrouvé un explosif artisanal. Moins de 24 heures après, sous le coup des violences physiques et psychologiques (les camarades étaient battus et menacés de viol), les deux ont signé des aveux concernant leur appartenance à une organisation terroriste d’anarchistes ainsi que la planification d’actions de sabotage visant les bureaux de recrutement militaires, les commissariats et les chemins de fer. Au cour de la journée suivant leur interpellation, les flics ont aussi arrêté N. Oleinik, R. Paklin, Y. Neznamov et D. Chertykov. Pendant leur interrogatoire, les quatre ont aussi fait des aveux. L’audition a eu lieu quelques jours après leur interpellation, et, pendant tout le temps entre les deux, nos camarades étaient torturés. Voici ce qu’ils racontent dans les entretiens avec leurs avocat-es :

« On m’a déshabillé et déchaussé, mes pieds ont été trempés dans une sorte de liquide, ils ont enveloppé mes pieds dans des câbles et ensuite ils ont mis le courant. J’ai perdu la notion du temps, mais ça a duré très longtemps. On me disait que j’étais prisonnier de guerre et que les gens comme moi méritaient d’être fusillés. Une personne a commencé à me parler sans se présenter. Il a commencé à me persuader d’une version des faits que je devais ensuite confirmer devant l’enquêteur. »

N. Oleinik

« Dans un moment de confusion, je leur ai demandé pourquoi ils me tourmentaient. Il n’y a pas eu de réponse et ils ont rallumé le courant, mais cette fois-ci il était plus fort. J’avais très mal, j’avais des convulsions fortes dans mes jambes et mon dos. Un homme m’a demandé si ça me faisait kiffer sans éteindre le courant. »

R. Paklin

« Après chaque électrochoc, je devais crier que j’aimais Poutine. On me disait que d’ici la levée du jour, si je n’étais pas mort, je serais totalement recouvert de croûte. Je suis incapable de décrire cette douleur, ni la comparer à quoi que ce soit d’autre. »

Y. Neznamov

« On m’a frappé au visage plusieurs fois et forcé à faire des squats, pendant qu’on me filmait avec un smartphone. J’ai fait à peu près 150 squats, pendant qu’un homme cagoulé me matraquait les chevilles. On me disait : « Dis merci que tu peux t’asseoir plutôt que de baigner dans ta pisse et ta merde. »

D. Chertykov

« Au début, on me forçait à me mettre tout nu et à m’accroupir. En même temps, on me mettait une chaussure sur la tête en disant que si celle-ci tombait, je subirais des violences, notamment qu’on m’introduirait des objets dans l’anus. »

D. Aidyn

Un peu sur nos camarades.

Tous les inculpés ont des convictions anarchistes et antifascistes.

N. Oleinik et R. Paklin organisaient ensemble une bibliothèque publique avec des ouvrages de théorie libertaire, sur l’histoire des mouvements pour l’émancipation et les initiatives d’entraide par le bas.

D. Chertykov est vétérinaire et participant au groupe riot-folk Rocker Balboa.

Y. Neznamov est designer freelance. Ces derniers temps il s’occupait de la modélisation 3D et créait des modèles pour des jeux vidéos et des dessins animés.

D. Aidyn travaillait en tant que vendeur-consultant dans un magasin de bricolage, où il s’occupait aussi de l’inventaire. Pendant son temps libre, il jouait au sein du groupe hardcore Siberian Brigade et le groupe de black metal Rasputin.

L’enquête dure déjà depuis plus d’un an.

Durant cette année :

Le comité d’enquête de la fédération de Russie a mené une enquête concernant les plaintes pour usage de torture. Cette enquête qui a consisté à interroger les membres des forces de l’ordre a conclu qu’il ne pouvait pas y avoir de torture, vu que les bureaux policiers n’étaient pas équipés d’instruments de torture ».

Lors de l’audience du 24 mai 2023 concernant le renouvellement du contrôle judiciaire de K. Brik, son avocat a raconté au juge que le prévenu avait reconnu l’ensemble de ce qui lui avait été reproché. Ainsi, l’instruction a obtenu un nouveau levier puissant pour accomplir ses objectifs. Plus tard, nous apprenions que Brik avait conclu un accord avec l’instruction avant d’être jugé. Ni les autres inculpé-es, ni leurs avocat-es, ni nous-mêmes ne soutenons la position de Brik et de sa défense. L’argent qu’on récoltera avec cette campagne n’ira pas à la défense de K. Brik !

Tous les deux mois, les copains voient leurs mesures de détention renouvelées. Très bientôt commenceront les premières audiences sur le fond de l’affaire.

Pendant ce temps-là, partout dans le monde, il y a eu plus d’une dizaine d’actions en solidarité avec nos camarades.

Des piquets solidaires à Togliatti et à Vienne. Les inscriptions sur les pancartes disent : « La torture et la justice sont incompatibles » et « Après chaque électrochoc, je devais crier que j’aimais Poutine »

La manifestation en solidarité avec les inculpé-es de Tioumen à Strasbourg

« Une exposition volante » dédiée aux prisonnier-es politiques des XX-XXIe siècles, y compris les prévenu-es de l’affaire de Tioumen dans l’oblast de Léningrad.

Avec cette campagne nous vous demandons de l’aide financière pour rémunérer les avocat-es des 5 détenus sur 6, qui continuent à lutter pour leur libération et refusent tout compromis avec le bras punitif de la loi.

Si vous ne pouvez pas donner via Firefund, vous pouvez aussi nous aider avec de la cryptomonnaie :

ETH – 0xF9EB840b76786C783c515dc8EBe3071Dc937D8f7

Monero – 45GCsPoiEMaGMDQiEFoX5D8FhGF1fonSEGCVAUCQGz2zEzXTPwicpyGhjjZYiS3NGGaCNNX2GtiZsSy5ew2ZU7cUQcaa3kT

BTC – bc1qqdwjqd4umnc74e95hgek85aj55wws3c4wrwa33

 

Merci pour votre solidarité !