Lutter contre le régime russe depuis la Sibérie (traduction d’un entretien avec l’ABC-Irkoutsk)

Logo de l'Anarchist Black Cross avec les inscrptions "No one is forgotten. Nothing is forgotten."

La guerre totale en Ukraine lancée en février 2022 s’enlise, tandis que la répression contre ses opposant-es en Russie ne cesse de croître. Le régime de Poutine profite de cette poussée coloniale et nationaliste majeure pour ressouder la nation autour des valeurs « traditionnelles » d’une Russie blanche, orthodoxe, patriarcale, hétérosexuelle et bien évidemment impériale. En plus d’enfermer, de torturer et de tuer les opposant-es à la guerre, le pouvoir parvient aussi à criminaliser les minorités sexuelles et de genre et à durcir les conditions d’enfermement des personnes psychiatrisées (pour ne citer que deux lois passées récemment).

Les échos que nous avons depuis la Russie, y compris dans les articles et traductions parus sur le blog Dans la brume, sont la plupart du temps très pessimistes, hormis quelques actes de sabotage effectués régulièrement par des petits groupes ou des individus qui se définissent comme étant des « partisan-es » et qui agissent en clandestinité. Il reste que le mouvement anarchiste est loin d’avoir disparu. En plus des militant-es emprisonné-es régulièrement, certaines initiatives de solidarité fonctionnent toujours et c’est plus important que jamais de leur donner de la visibilité.

Le collectif Anarchist Black Cross réapparu récemment dans la ville sibérienne d’Irkoutsk en fait partie. Dans un entretien accordé au média russe Discours que nous avons décidé de traduire, un-e militant-e de ce collectif raconte l’histoire des collectifs ABC qui offrent un soutien précieux à des prisonnier-es politiques, partage les perspectives d’avenir d’un certain nombre d’anarchistes se trouvant toujours en Russie, mentionne la nécessaire décolonisation de la Sibérie et parle des quelques personnes que l’ABC-Irkoutsk a pu soutenir jusque là.

En traduisant cet entretien, certaines libertés éditoriales ont été prises : l’introduction a été notamment été abrégée et certains paragraphes rallongés, là où il manquait des éléments de contexte pour des lecteur-ices non-russophones.


L’Anarchist Black Cross (la Croix noire anarchiste) soutient les militant-es qui subissent la répression politique depuis l’époque de la Russie des Tsars. Au XXe siècle, ce mouvement s’est répandu partout dans le monde, alors que dans la ville sibérienne d’Irkoutsk il a apparu en 2010 sur fond d’autoritarisme grandissant dans le pays, mais il a cessé d’exister quelques années plus tard. Depuis l’invasion totale de l’Ukraine et l’intensification de la répression, des militant-es ont décidé de reprendre ce travail.

Nous avons pu nous entretenir avec les participant-es de l’ABC Irkoutsk sur les perspectives qui animent actuellement le mouvement anarchiste en Russie.

L’histoire de l’Anarchist Black Cross

Au début du XXe siècle, la « Croix rouge politique » a été créée en Russie tsariste. Celle-ci aidait les anarchistes et les socialistes révolutionnaires exilé-es et incarcéré-es. Plus tard, elle s’est scindée, ce qui a provoqué la création de la « Croix rouge anarchiste », qui a, à son tour, arrêté d’exister suite à la révolution de [février] 1917. A ce moment-là, grâce à une amnistie générale, le soutien aux prisonnier-es politiques n’était plus nécessaire. Cependant, avec la prise du pouvoir des bolchéviks et la hausse de la répression, cette initiative a repris en changeant de nom, devenant la « Croix noire anarchiste » ou Anarchist Black Cross. Les bureaux de l’ABC ont ensuite été transférés à Berlin, mais le collectif a cessé son activité dans les années 30. Dans les années 60, un collectif ABC est né au Royaume-Uni. Dans les années 80, une section s’est montée en Amérique du Nord. Aujourd’hui, de nombreux groupes ABC existent partout dans le monde. Ceux-ci entretiennent des liens et coopèrent entre eux.

L’ABC-Irkoutsk a été fondée en 2010 en lien avec la répression croissante et l’autoritarisme grandissant du régime poutinien. Ce groupe travaillait à soutenir les personnes faisant face à la répression judiciaire en lien avec leur activité contestatrice. Par exemple, l’ABC-Irkoutsk a soutenu un antifasciste qui s’était défendu contre un néo-nazi connu à Irkoutsk.

En 2014, la section d’Irkoutsk a freiné son activité. En 2022, suite à l’invasion totale de l’Ukraine et les répressions qui s’en sont suivies, nous avons décidé de relancer ce travail.

L’existence d’une enclave anarchiste en Sibérie fait partie de l’héritage révolutionnaire de la région.

Photographie de Nestor Kalandarichvili : militant révolutionnaire et l’un des meneurs de l’activité partisane à l’est de la Sibérie pendant la guerre civile russe.
Nestor Kalandarichvili : militant révolutionnaire et l’un des meneurs de l’activité partisane à l’est de la Sibérie pendant la guerre civile russe.

La Russie tsariste envoyait ici tou-te-s ses indésirables, parmi ces gens-là, il y avait beaucoup de mutin-e-s et de révolutionnaires. L’URSS a repris cette tradition, se servant des terres éloignées de Moscou pour en faire des camps de travail forcé et d’enfermement. La plupart des personnes ne s’y sont pas retrouvées par hasard. Bakounine et Kropotkine ont passé beaucoup de temps en Sibérie. Nestor Kalandarichvili était très actif à Irkoutsk. [Note des éditeur-ices : Nestor Kalandarichvili, né le 26 juin 1876 et mort le 6 mars 1922 à Iakoutsk, était militant révolutionnaire et anarchiste, l’un des meneurs du mouvement des partisans pendant la guerre civile.]

Il s’agit aussi d’une région habitée par plusieurs peuples autochtones, qui ont du mal à s’identifier à l’identité russe qui leur a été imposée.

Notre éloignement géographique de la capitale crée des contradictions qui nous forcent à chercher des réponses aux questions concernant notre identité et notre appartenance à l’État, dont beaucoup d’entre nous n’avons jamais vu le centre de nos propres yeux. L’anarchisme nous offre une partie de réponses à nos interrogations.

Les problèmes principaux que l’ABC cherche à résoudre

Les problèmes qui se posent à nous de la manière la plus aiguë sont les suivants :

  1. Le régime poutinien qui s’est déployé à l’échelle maximale grâce à son appareil d’écrasement du mécontentement et de l’activité protestataire à l’intérieur du pays et à l’étranger (rappelons-nous des exemples du Bélarus et du Kazakhstan)

  2. La spécificité politique et culturelle de la société : l’apathie et de la méfiance généralisée, le pessimisme et la peur, l’état d’esprit nihiliste. La culture du soulèvement fait partie de notre histoire, mais actuellement elle est effacée et écrasée. C’est nécessaire de la faire revivre, mais ce n’est pas facile. Tout cela détermine la capacité d’[auto-]organisation de la population.

  3. Malgré la vaste expérience des mouvements politiques et sociaux partout en Russie de ces trente dernières années, nous n’avons pas encore réussi à créer un mouvement libertaire fort, doté d’infrastructures développées et résilientes dans la perspective d’appuyer et d’aider à l’organisation des transformations sociales et politiques du pays. L’un des problèmes conséquents est l’absence de liens avec nos camarades de l’Ukraine. Il nous manque aussi des gens, celleux qui font partie du mouvement sont très dispersé-es et pas assez soudé-es ; il y a très peu d’endroits pour se rassembler ; il manque des infrastructures qui pourraient aider des personnes à se relever et à répondre à leurs besoins fondamentaux, tout en les dirigeant vers une action collective au lieu de la solitude, la résolution individuelle des problèmes et la fuite vers la routine quotidienne.

  4. L’influence importante des mentalités capitaliste et patriarcale. Dans notre action, nous reproduisons fréquemment les modèles et les aspects de ce système, ce qui mine notre énergie. Il nous manque un autre système de valeurs, une culture révolutionnaire qui serait proche et accessible à la plupart des gens. Les valeurs socialistes ont été largement discréditées au sein de la population au cours des événements du XXe siècle.

  5. La compréhension insuffisante de tous les problèmes critiques à notre société et, plus spécifiquement, dans ses régions [périphériques]. Cela nous empêche de formuler une stratégie viable et un programme pour un potentiel mouvement.

Aujourd’hui, l’une de nos principales tâches consiste à soutenir les personnes qui s’organisent contre le régime. Nous nous occupons de la levée de fonds pour les anarchistes et les antifascistes poursuivi-es pour leurs convictions, ainsi que des militant-es anti-guerre refusant de se rallier derrière une idéologie haineuse. Nous diffusons des informations concernant la répression ; nous soutenons aussi matériellement la communauté anarchiste locale.

Nous ne pouvons pas parler au nom de tout le mouvement, mais notre perspective à court-terme est la suivante : pour les habitant-es de la Fédération de Russie, il s’agit, avant tout, de survivre, de ne pas se faire attraper et de rester en liberté. Tout en s’organisant, en accumulant des forces et en construisant des liens au sein des régions et entre elles, aussi bien que des liens internationaux, en s’opposant au régime et à sa guerre de façon à ce que la prise de risques soit proportionnée aux résultats obtenus. Pour les personnes se trouvant en dehors de la Russie, il s’agit de se rassembler, de s’organiser et d’entamer un travail compréhensif et sérieux d’anticipation de la chute du régime et des événements politiques qui risquent de survenir au sein de l’espace post-soviétique.

Comme de nombreux-ses militant-es se trouvent en dehors de la Russie pour diverses raisons, il est devenu nécessaire de se coordonner par-delà les frontières du pays.

Avant, les personnes émigrées se préoccupaient principalement de comment atterrir, s’installer, reprendre ses esprits et s’orienter [dans un nouveau pays]. Désormais, nous considérons qu’avant toute chose, il faudrait trouver la possibilité de soutenir la lutte des compagnon-nes encore en Russie et de rentrer en contact pour créer des liens avec les camarades ukrainien-nes et leurs projets.

En ce moment, le mouvement anarchiste russe n’est pas très organisé ; il existe un certain nombre de groupes et de collectifs qui agissent de manière dispersée et sans stratégie commune. Ceci est en partie dû aux conflits et aux scissions dans le passé. C’est pourquoi c’est toujours une tâche importante de créer et de développer les mécanismes et les structures qui travailleraient à résoudre les conflits au sein du mouvement et pour ressouder les gens.

Cumuler l’expérience d’organisation et de vie s’adaptant aux conditions inhabituelles et aux transformations radicales est un processus important pour tou-te-s celleux qui luttent contre le régime russe.

C’est nécessaire pour nous de repenser notre attitude et nos objectifs vis-à-vis des changements sociaux en Russie et aussi quelle place nous devrions occuper individuellement et collectivement.

Nous sommes actuellement surtout tourné-es actuellement vers un travail médiatique et l’agitation sur le net, plutôt que vers l’action directe. Ceci s’explique par le très grand risque de répression et le fait que certain-es se trouvent en dehors du pays. Pourtant notre activité ne devrait pas s’arrêter là, nous voyons la nécessité de chercher d’autres approches et tactiques.

Comment s’est transformée la section d’Irkoutsk

Depuis les années 2010, le niveau de répression a augmenté et les activités en soutien aux prisonnier-es politiques sont devenues plus risquées. Nos ressources matérielles et humaines se trouvent très limitées. Dans ces conditions-là, nous arrivons malgré tout à lever des fonds pour celleux qui en ont besoin. Si on prend en considération toutes les difficultés qu’on rencontre, on peut estimer que notre activité a plutôt été une réussite, même s’il reste de la matière à réfléchir sur comment on voudrait se développer plus.

Un autre changement conséquent a été la disparition du mouvement anarchiste organisé. Ce-dernier s’est scindé, une partie des gens ont émigré et se sont regroupé-es autrement. En même temps, le nombre de personnes prenant part aux différents projets et collectifs s’est fortement réduit, pendant que les standards de sécurité ont augmenté.

Pendant les périodes difficiles [comme celle-ci], la demande d’actions [de soutien contre la répression] grandit considérablement. Ce qui nous motive plus que toute autre chose, c’est qu’on est en consciente et qu’on se rend compte du nombre de gens qui ont besoin de soutien. En plus de ça, nous avons commencé à être actif-ves politiquement bien avant 2022, plus à la fin des années 2000, lorsque le contexte [social et politique] était très différent.

Nous savons que ce régime n’est pas éternel et nous sommes obligé-es de participer de façon modeste à sa chute.

Ce serait criminel d’arrêter la lutte maintenant, lorsque s’ouvrent à nous des nouvelles possibilités avec de nouveaux objectifs.

A propos de celleux que le mouvement soutient

Parmi les projets qui nous ressemblent, nous pouvons citer Solidarity Zone (la « Zone de solidarité ») qui soutient les militant-es opposé-es à la guerre, incarcéré-es partout en Russie, y compris dans notre région. Ce qui nous différencie d’autres projets de ce type, c’est notre composante idéologique claire et le fait de ne pas se concentrer uniquement sur le soutien aux prisonnier-es politiques. Nous avons d’autres objectifs : aider les différents projets anarchistes dans la région, repenser la justice, faire un travail de prévention auprès de potentielles victimes de la répression.

Nous essayons de travailler avec des personnes différentes. Par exemple, nous soutenons une femme jugée [selon le nouvel article 207.3 du Code Pénal russe] criminalisant la diffusion de « fausses informations » sur la guerre. [Note de DLB : Depuis mars 2022, la « diffusion publique de fausses informations délibérées sur le déploiement des forces armées russes » peut être punie de lourdes amendes, voire même de plusieurs années de prison dans les cas les plus graves.]

Elle se positionne loin des convictions anarchistes : elle mène simplement son blog sur le site Odnoklassniki [note de DLB : réseau social russe très fréquenté, l’équivalent des Copains d’avant] à propos des problèmes que rencontre la petite ville qu’elle habite. La plupart des affaires comme la sienne passent inaperçus, et les gens ne savent même pas qu’il existe des organisations capables de les soutenir.

Nous considérons important de soutenir ces personnes, d’autant plus que c’est une forme de propagande politique : de toutes les organisations existantes, seulement les anarchistes sont venu-es à l’aide.

C’est aussi possible qu’il y ait de nombreux projets qu’on ne remarque pas. Une partie des groupes et des individus qui militent gardent un profil bas, essayant d’agir sans faire de remous.

Senzhkov et Lizounova, accusé-es d’apologie du terrorisme. Capture d’écran de la vidéo YouTube de la chaîne ROMB au sujet de leur affaire.

En ce moment, notre seule affaire en cours est celle de Tchita.

[Note des éditeur-es : Alexandre Snezhkov, musicien de 19 ans, et Lioubov Lizounva, lycéenne de 16 ans, ont été arrêté-es le 31 octobre 2023 dans la ville de Tchita en taguant un mur de garage avec l’inscription « Mort au régime ». Les agents du FSB qui les ont arrêté-es ont interrogé les deux jeunes en leur reprochant les faits de vandalisme, leur ont confisqué les téléphones et les ont relâché-es. Peu de temps après, ces agents ont eu des questions à propos de deux chaînes Telegram que Zneshkov et Lizounova administraient. Ils se sont particulièrement intéressés à une publication de septembre 2023 faisant le bilan des actions partisanes pendant la période allant du début de la guerre au début de la mobilisation. À l’accusation de vandalisme s’est rajoutée celle d’appel public à des actes extrémistes et, ensuite, d’apologie publique du terrorisme. Snezhkov et Lizounova ont été interdit-es de quitter le pays et le 9 décembre Rosfinmonitoring (l’agence responsable du gel des comptes associés à des personnes ou organisations présumées « terroristes ») les a inscrit-es dans le registre des terroristes et des extrémistes. Lizounva raconte que l’école l’a forcée à passer à l’enseignement à distance : les enquêteurs avaient conclu qu’elle pouvait diffuser ses idées anarchistes auprès de ses camarades de classe.]

Cette affaire concerne trois habitant-es de Tchita, mais quelques personnes ont aussi reçu des amendes à Vladivostok et à Khabarovsk. L’une d’elles, Sacha Snezhkov, se trouve en détention provisoire. On a rencontré de grandes difficultés avec cette affaire qu’on ne peut pas révéler pour l’instant.

[Note de DLB : Depuis la publication de l’entretien, Lizounova a elle aussi été placée en détention en attente du procès.]

Notre affaire la plus réussie et, en même temps, la seule qui est complètement terminée depuis la réorganisation du groupe est celle de Krasnoïarsk. Ses figurant-es ont reçu des peines de sursis pour une affaire fabriquée de banditisme.

[Note de DLB : Le 10 août 2022, deux antifascistes de Krasnoaïarsk ont été arrêtés par une unité spéciale de la Garde nationale russe. Trois personnes étaient finalement accusées de cambriolage (ils s’étaient introduits dans l’appartement d’un ancien camarade désormais proche des néo-nazis pour lui confisquer des objets en lien avec la culture antifasciste), de graffiti, d’opposition à l’invasion de l’Ukraine et d’intention de mettre le feu à un centre de recrutement militaire. Le procureur demandait des peines de prison fermes.]

En même temps, nous refusons de soutenir des nazis et d’autres partisans d’idéologies haineuses qui ont amené à la mort de personnes. Si jamais des membres du NS/WP qui s’opposent eux aussi au régime venaient nous demander de l’aide, nous l’aurions refusé même s’ils tuaient Soloviev.

[Note des éditeur-ices : National-Socialism / White Power : un groupe néo-nazi russe apparu au milieu des années 2000 sur un forum internet au même nom. En 2020, l’organisation a réapparu sur une chaîne Telegram.]

[Note de DLB : Vladimir Soloviev est un propogandiste russe particulièrement influent depuis l’invasion de l’Ukraine. En 2022, le FSB a déclaré avoir empêché une tentative d’assassinat contre lui qui aurait été planifiée par des néo-nazis.]

Le reste du temps, on étudie les demandes au cas par cas.

A propos des perspectives du mouvement anarchiste en Russie

Depuis le début de la guerre, de nombreux-ses militant-es commencent à se rendre compte que les Etats ne nous offrent ni la sécurité, ni la certitude en l’avenir. Et que dans n’importe lequel endroit du monde, l’histoire ne cesse de se répéter. L’État nous assassine. C’est pourquoi les idées anarchistes ont un avantage important sur d’autres idées politiques ou antipolitiques. Car ces dernières participent, en fin de compte, à bâtir un Etat ou quelque chose qui, au bout du compte, tend à le devenir.

Beaucoup d’anarchistes se sont retrouvé-es en dehors de la Russie et peuvent se coordonner. Organiser des congrès, comme à la belle époque, et créer quelque chose de commun.

Dans l’idéal, la perspective du mouvement anarchiste russe est d’influer sur le cours des événements en cas de révolution ou d’autres transformations radicales dans le pays, en y participant directement et en créant des structures d’auto-organisation sociale par la base pour que celles-ci deviennent des fondements de la vie politique. Dans cette perspective, il nous faut beaucoup de gens et des organisations fortes.

En cas de chute du régime de Poutine, voire même avant, l’équilibre des pouvoirs va changer et d’autres régimes voisins vont aussi se retrouver déstabilisés.

Il faudrait alors qu’on puisse anticiper la nécessité de se rendre dans les pays les plus proches pour y soutenir des soulèvements populaires, comme au Bélarus, en développant des liens [avec des camarades là-bas].

La partie la plus compliquée [sera] la période qui commencera pendant et immédiatement après la chute du régime. On cherche actuellement des réponses à beaucoup de questions très difficiles, comme la décolonisation des régions, la possibilité des guerres civiles, l’ingérence des forces étatiques ou celles des entreprisesaux intérêts puissants.

A propos de l’aide nécessaire

Le plus compliqué à Irkoutsk et dans d’autres villes sibériennes, c’est de trouver un-e avocat-e prêt-e à s’occuper des affaires impliquant des anarchistes ou des opposant-es à la guerre. Si vous connaissez des avocat-es en Sibérie, n’hésitez pas à nous envoyer leur contact.

Nous levons aussi des fonds pour rémunérer les avocat-es et pour d’autres formes de soutien : à cause de la répression, le financement s’effectue grâce à la cryptomonnaie ou des événements solidaires.

Si des personnes se trouvent en dehors de la Russie, c’est possible d’organiser une soirée en solidarité avec une écriture de lettres aux prisonnier-es et une levée des fonds pour elleux.


Le site du collectif ABC Irkoutsk peut être consulté à l’adresse suivante : https://abc38.noblogs.org/.

C’est possible de les contacter par mail : abcirk@riseup.net (leur clé PGP publique est trouvable sur leur site).


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