Nous traduisons l’article publié par l’Action Autonome en anglais le 6 septembre :
Le 4 septembre 2023, l’ancien étudiant doctoral à l’Université d’État de Moscou et prisonnier politique Azat Miftakhov sort de colonie pénitentiaire. Le même jour, le Service Fédéral de Sécurité (le FSB) inculpe Miftakhov dans une nouvelle affaire criminelle pour « apologie du terrorisme ». Selon le FSB, Azat aurait échangé avec d’autres prisonniers à propos de la guerre en Ukraine et de l’action de l’anarchiste Mikhaïl Zhlobitsky, qui est mort en 2018 suite à l’explosion qu’il avait déclenché dans un bureau du FSB.
Miftakhov a refusé de plaider coupable. Le 5 septembre 2023, le tribunal l’a placé en détention pour deux mois, car une nouvelle enquête criminelle venait d’être lancée.
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Le contexte
Azat Miftakhov a été interpellé le 1er février 2019, suite à une perquisition de son logement étudiant par les forces de l’ordre. Il a été accusé de construire un engin explosif, retrouvé un an auparavant à Balachikha, une ville près de Moscou. Par la suite, il a déclaré avoir été torturé par la police pendant les interrogatoires.
Les autorités chargées des poursuites ont jugé deux fois qu’il n’y avait pas assez de preuves pour inculper Miftakhov. Il a par conséquent été relâché le 7 février 2019.
Le même jour, il a de nouveau été arrêté, accusé d’avoir attaqué les bureaux du parti au pouvoir à Moscou. Dans la nuit du 31 janvier 2018, des personnes non-identifiées avaient brisé une fenêtre des bureaux du parti « La Russie unie » qui se trouvent rue Onezhskaïa à Moscou. Une grenade fumigène a été lancée à l’intérieur. Le 18 janvier 2021, le tribunal a jugé Miftakhov coupable de « hooliganisme » et l’a condamné à 6 ans d’enfermement dans une colonie pénitentiaire.
A la suite de la décision du tribunal, mais aussi pendant le procès, de nombreuses personnes et collectifs ont protesté contre le traitement de Miftakhov par l’État russe, comme, par exemple, la Société Mathématique de France ou la Société Mathématique Brézilienne qui ont chacune adressé une lettre ouverte au gouvernement. Une autre lettre ouverte signée par beaucoup de scientifiques russes a circulé en Russie et s’est frayée le chemin jusqu’aux universités occidentaux. Environ cent mathématicien-nes ont signé une pétition appelant à boycotter le Congrès International des Mathématiciens qui devait, à l’époque, se tenir à Saint-Pétersbourg, pour plusieurs raisons, parmi lesquelles une hausse significative du nombre de militant-es des droits humains, journalistes et scientifiques en prison et dans les colonies pénales en Russie, y compris Miftakhov.